Le château de Revel, un lieu chargé d’histoire et sans doute le « castrum » à l’origine de notre village. Revel tirerait son nom du Provençal « Revelle » = révolte (latin rebellus) terme qui qualifiait habituellement un château imprenable.

Un peu d’histoire
Le château actuel serait construit sur l’emplacement d’une forteresse beaucoup plus ancienne ( castrum de Revel –1215). Il fut élevé par la famille ALLEMAN d’Uriage courant XII-XIII siècle.
Cette vieille famille contrôlait à la fin du XIII siècle, avec la branche des ALLEMAN de VALBONNAIS et la branche des ALLEMAN de SECHILIENNE, la majorité des localités situées autour de Grenoble, si l’on tient compte aussi des quelques localités que contrôlaient les familles alliées, les BRIANCON ( à Varces et à Giéres), les SASSENAGE, les BERANGER ( Triéves), les AURUCE (à Montbonnot) et les CHAREAUNEUF de BOUQUERON.
Le premier Seigneur de Revel mentionné dans les archives est Pierre ALLEMAN (cité dans un acte en 1275 ), fils de Odon II ALLEMAN, Seigneur d’Uriage, lui-même fils d’Odon 1er d’Uriage .
Pierre ALLEMAN, seigneur de Revel, avait un frère aîné, Guigues ALLEMAN qui devint seigneur d’Uriage.
A cette époque, les seigneurs de Revel et d’Uriage devaient être sous la suzeraineté du comte du Genevois qui possédait des terres sur la vallée du Graisivaudan et en particulier le fief de Revel.
Siboud I ALLEMAN (1307) succéda à Pierre ALLEMAN et se maria avec une certaine dame Isabelle.
Puis vint son fils, Jean ALLEMAN, seigneur de Revel qui héritera du château d’Uriage en 1326, époux de N. ALLEMAN de Sechilienne.
Lui succéda ses deux fils, Odon III (1334) puis Siboud II ALLEMAN (1361) qui se maria à Jordanne de MORGUES.
fils, Guigues III ALLEMAN fut seigneur de Revel de 1377 à 1394. Il épousa Anne de Châteauneuf de l’albenc.
Le 23 août 1395, le bailli de Vizille reçut l’ordre d’apposer les étendards Delphinaux au sommet de la plus haute tour du château de Revel, mettant ainsi fin à tout droits revendicatifs sur le fief de Revel et d’Uriage par le comte de Genève.
Jean II ALLEMAN, fils de Guigues III, héritera des fiefs d’Uriage, Revel et de Château neuf de l’Albenc le 16/01/1400. Il participe à la bataille d’azincourt en 1417 et décède en 1455.
Son Fils Guigues V ALLEMAN, baron d’Uriage et seigneur de Revel, devint conseiller et chambellan du roi Louis XI et se distingue à la bataille de Montlhéry en 1465. Il hérite des fiefs de MONTAINON et du MOLLARD et décède le 20/05/1496, laissant 7 fils et 2 filles.
Son fils aîné, Soffrey ALLEMAN, deviendra seigneur d’Uriage et lieutenant général en Dauphiné. Appelé « capitaine MOLLARD », il sera le compagnon de son cousin le chevalier Bayard. Il meurt à Ravenne en 1512.
Son second fils, Félix ALLEMAN, se maria à Antoinette ALLEMAN de Rochechinard et devint seigneur de Revel de 1455 à 1501.
Est-ce à lui que l’on doit le nom de la chapelle Saint Félix qui a existé au sein de l’enceinte du château de Revel ?
Gaspard ALLEMAN, fils de Félix, sera baron d’Uriage et seigneur de Revel de 1501 à 1569.
Lui succède son fils, Jean-Claude ALLEMAN, baron d’Uriage et seigneur de Revel qui décéda le 09/12/1621 sans descendance. Ce fut la fin de la dynastie ALLEMAN, Seigneur de Revel.
Il semblerait que le château de Revel fut ensuite cédé à la famille des DE BOFFIN (1630) puis celle des FRANCON (1651), familles qui comptèrent des membres du Parlement du Dauphiné. Le château serait alors passé de main en main, pour être cédé à jean Baptiste Giraud Carrier né en 1833…

Et le Château aujourd’hui. Qu’en reste t-il ?
Le XIX siècle vit la destruction du château féodal qui servit malheureusement de carrières de pierres pour les habitations des environs, ainsi que pour la construction du bâtiment actuel qui jouxte l’entrée du château (hier encore, exploitation agricole ).
Il ne reste que les soubassements du mur d’enceinte, une partie des murs du donjon seigneurial et une partie de la porte d’accès à herse ogivale ( particularité ..).
Il ne reste rien non plus de la chapelle Saint Félix, signalé en 1497 dans les archives et contemporaine de Félix ALLEMAN, seigneur de Revel de 1455 à 1501.
Une légende locale raconte cependant que longtemps après sa disparition, on pouvait entendre la cloche de cette chapelle sonnant les 12 coups de minuit, la nuit de Noël et que la crypte existerait toujours … jolie légende non ?

Et coté souterrain ?
Là aussi, le bouche à oreille dit (vrai, pas vrai, peu importe..) que deux souterrains partiraient du château. L’un en direction du puits de la cure de Revel. L’autre en direction de la tour carré ou de la tour ronde au dessus du hameau de Beauregard.
Certaines personnes sur Revel peuvent cependant confirmer l’existence d’un escalier creusé au sein de la tour et qui relierait plutôt cette tour au monastère de Domène. On ne sera jamais puisque l’entrée de cet escalier à été comblée il y a une soixantaine d’années. . D’autres notent l’affaissement par le passé de zones de terrain dans les prés jouxtant le château.. Et si le château de Revel avait encore des secrets ?
Mais les monuments historiques interdisent toutes fouilles. C’est peut être pas plus mal pour que perdure les légendes et les histoires, non ?

Et le chemin médiéval d’accès au château ?
Il existe toujours, en partie visible, et recouvert en d’autres endroits. Il reliait le château à la bourgade de Revel (65 feux en 1497 selon certaines archives) via le chemin de l’enclose (route communale et chemin communal actuel), puis remontait ensuite vers Pont Rajat et vers Uriage .
Coté bas, le chemin longeait le château par la droite (coté ruisseau et non côté Domeynon) , longeait le Domeynon au niveau du plateau herbeux et remontait ensuite vers la tour en coupant à travers le prés en contrebas de la fontaine du virage de la Tour.

Philippe Desbuisson.